Le seuil de tolérance, cette chose qu’on ignore encore trop

Il existe diverses façons de dire qu’on en a marre : En avoir ras le bol, ras la casquettes, en avoir plein les bottes, par dessus la tête, être saoulé(e)… Tant de façon d’exprimer une overdose de tout type : de bruit, de travail, d’heures passées dans les embouteillages, d’une douleur au dos… Bien souvent, on dit qu’on en a marre, comme si le dire permettait de se débarrasser ne serait-ce qu’un peu de ce qui nous pèse et nous prend la tête. Pourtant, même si exprimer un ras le bol fait parfois du bien, sur le coup, cela ne change hélas rien à l’affaire. Il faut quelques fois savoir voir la réalité en face. Il est des choses qui ne peuvent trop durer, au risque le cas échéant, de péter une durite, un câble, de devenir hystérique, de vouloir tout envoyer valser, d’avoir des mots ou des gestes qu’on regrettera, de toutes façons.

Bien loin du simple petit ras le bol ponctuel, il faut savoir identifier les vrais bons gros ras le bol, de savoir quand on commence à atteindre et dépasser son seuil de tolérance.

L’usure latente, une ennemie si sournoise

Il n’y a rien de pire, notamment dans l’univers professionnel, que cette usure latente qui peut s’insinuer un jour pour ne plus repartir avant longtemps. J’évoque là une usure globale et longue à un environnement, à des tâches, à différents actes qui useront au fil des journées, des semaines, mois et années, un salarié ou tout autre travailleur qui répétera encore et encore tous ces gestes et réflexions, sans même souffler, sans râler, sans rien dire. J’évoque là, le fait de devoir supporter certains environnements qui s’ils sont adéquats à une époque, ne le sont plus forcément encore quelques temps plus tard. J’évoque là des habitudes prises par confort ou facilité mais qui s’avèrent être mauvaises à moyen ou long terme.

L’usure, c’est celle qui endort au point qu’on ne réagisse plus à des événements pourtant tout sauf anodins. Celle qui abrutit, celle qui ôte parfois tout discernement, comme si tout ce qui n’allait pas était une fatalité et qu’il était impossible de s’en défaire.

Force est de constater que l’usure, elle peut atteindre tout le monde, sans distinction d’âge ou d’origines. Et quand elle se saisit de vous, longue sera la phase pour s’en défaire. Longue sera la lutte pour s’en sortir.

keys-of-happyness

Le seuil de tolérance

Il y a encore quelques semaines, j’étais à la limite de faire exploser certains seuils de tolérance. En vérité, je pense que je les avais atteint, mais qu’une usure longue et pernicieuse, m’incitait à de la retenue. Il y a quelques semaines encore, je devenais agressive dès qu’on me bousculait une énième fois dans les transports en commun parisiens. Je râlais au moindre hic. Je ne supportais plus de vivre un tel concentré de bêtise humaine et d’incivilités (pour ne pas dire connerie), en l’espace d’un simple trajet, somme tout assez court. Il y a un mois en arrière, j’en étais venue à espérer d’aller travailler ailleurs là-bas dans la forêt, même si c’était plus loin, même s’il faudrait se lever plus tôt. Il y a peu de temps, j’aurais emplafonné quiconque me marchait encore sur les pieds, au sens propre comme au sens figuré. Tout ça parce que j’avais atteint ce seuil de tolérance, dont j’ignorais pourtant l’existence il y a à peine un an.

Ceci est également valable pour l’Open Space. Il y a encore six mois, l’open space commençait à devenir insupportable. Après 15 années. Oui, l’open space peut devenir pesant. D’autres ne tiennent pas une année, j’en suis à 15. Et il y a un an en arrière, je n’avais jamais réalisé que j’entamais une quinzième année de boulot dans ce cadre si particulier de travail, où tout se partage, des quolibets aux messes basses pas si basses, en passant par les microbes, le bruit et tout se qui fait que la promiscuité trouve toujours ses limites à un moment donné, même pour les plus tolérants et patients.

Alternatives

Savoir qu’on atteint certains seuils de tolérance, c’est bien. Encore faut-il s’en sortir. La chose n’est pas toujours aussi simple qu’on l’aimerait. Certains changements ont un coût, qu’il soit financier ou personnel, d’organisation… Il faut parfois s’y prendre de manières différentes et voir ce qui fonctionne pour enfin se défaire de ce qui use. Il faut parfois faire des compromis.

J’ai la chance d’avoir pu me défaire de ce qui m’usait ces derniers temps, il y a tout juste un mois. Mon quotidien au bout de ces quatre à cinq semaines, a tout simplement changé. Je ne subis plus. Je ne vais plus à certains endroits à reculons. Je n’appréhende plus les trajets ni certains cadres qui seront les miens plus de 8 heures durant. Ce changement, je ne l’ai pas choisi. Il s’est opéré seul, pour des raisons organisationnelles que je n’ai pas décidé. Et si j’ai appréhendé cela pendant des semaines, force est constater que cela a fait un bien fou. Cela a permis de sortir d’un cercle vicieux qui m’aurait sans doute menée à quelque chose de pas joli joli.

Je suis la première surprise de m’entendre dire un mois après ce changement de lieu de travail, que ce changement était bon et qu’il a amélioré le quotidien. Un bête, tout bête changement, a rendu la vie plus douce. J’apprécie, je m’estime chanceuse. Et je me dis, mais comment font toutes ces autres personnes qui continueront cette valse de la folie pendant encore des années dans ces conditions ?…

puppet

La Culpabilité

Souvent, quand je perdais patience et lançais des regards noirs ou haussais le ton dans le métro ou ailleurs, parce que quelqu’un m’avait bousculée ou mis un coup dans les côtes par mégarde, après les faits, je m’en voulais, en silence. Je me disais, mais merde cocotte, t’as été trop loin. Cette personne n’y est pour rien, elle ne t’avait pas vue. Il y a du monde, blablabla. Mais arrive un jour où on arrête de trouver des excuses à toute la terre pour tel ou tel geste, pour tel ou tel fait. Arrive un jour où il faut réaliser que dehors, c’est quelque fois la jungle. La jungle urbaine.

Un jour, j’ai arrêté de culpabilisé et enfin, j’ai compris que dans cette jungle, il n’y avait pas 36 façons de supporter les choses : C’est chacun pour sa pomme hélas. Je préfère quand même depuis, ne plus avoir à le vivre ainsi et au contraire, à pouvoir le vivre presque sereinement.

J’ai arrêté de culpabiliser et purée, ce que c’est bon. J’ai accepté d’avoir certains seuils de tolérance, peut-être bas au regards d’autres, mais les miens. J’ai décidé ne peux plus prendre sur moi là où de toutes façons, ça n’apportait rien.

Je ne veux plus attendre d’atteindre certains seuils de tolérance et surtout, je ne veux plus culpabiliser de me défendre contre un environnement qui ne convient plus.

Partager :
Griselidis
Griselidis

Maman depuis septembre 2018, j'alimente cet humble blog avec des tranches de vie du quotidien depuis plus de 9 ans. En partageant sur les plantes de notre jungle intérieure ou encore sur notre vie de famille recomposée

4 commentaires

  1. Ton article me parle ! Mon seuil de tolérance est à la limite de la limite en ce moment et j’ai envie de tout envoyer promener…bientôt?

  2. Ahah. Je me reconnais beaucoup dans cet article! J’ai des seuils de tolérance de oooouuuufffff ! Je pense que les enfants maltraités ont des seuils généralement plus élevés … Le monde nous semble à la fois plus noir qu’à tous les autres et, paradoxalement, on a tendance à mieux le supporter pcq « c’est finalement moins pire que ce qu’on a vécu petits ». Bref. Ma réflexion perso. Ton article est très intéressant. Ravie que ça aille mieux :P .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *