Être Freelance, un truc à la mode ?

Depuis que je traîne sur la toile, je constate combien le Freelancing fait rêver. Alors certes oui, beaucoup pensent à une certaine insécurité financière en pensant à une vie de Freelance, mais ce que pas mal de personnes retiennent, c’est le sentiment de liberté que le Freelance dégage. Il n’est pas rare de lire qu’être Freelance est une vie rêvée, que c’est du sourire aux lèvres H24, des réveils tardifs, des journées passées en pyjama devant l’ordinateur, que la relation client&Freelance est une relation parfaite, sans anicroche aucune, qu’on est toujours payé(e) à la date attendue. Bref, une image assez courante et persistante du Freelance pour qui tout roule a tendance à marquer les internautes, à tort.

La Réalité est pourtant tellement différente. Les apparences sont tellement trompeuses. Loin de moi l’envie d’écrire qu’être Freelance est l’enfer, mais être Freelance, même seulement en partie, ce n’est pas rose bonbon all day long ni reposant. Je regrette en fait que beaucoup s’imaginent qu’être Freelance, c’est comme être en journée de Congé toute l’année. Je regrette que beaucoup confondent la journée de freelance avec une journée de RTT.

Le fait est qu’être Freelance, c’est ne dépendre que de soi pour que l’argent tombe. Les contrats et commandes ne tombent pas comme ça du ciel. Il faut aller les chercher, il faut défendre son beaf, son biz. Et une fois un contrat acquis, il faudra bien l’honorer. Or le boulot, il ne se fait pas tout seul. Il n’y a pas de petit lutin dans la chambre ou dans la cave, pour exécuter la tâche à la place du Freelance. Une fois le boulot effectué, il y a aussi ces échanges avec le client qui font parfois intervenir des modifications, corrections, changements de dernière minute. Et puis pour être payé(e), il faut apprendre à faire des factures, puis faire les factures, puis parfois courir après le commanditaire pour que la facture soit réglée. Oui, les relances pour obtenir un paiement ne sont pas anecdotiques. Au contraire, sinon ça se saurait ;) Sinon, ce serait trop facile. Sinon, tout le monde serait freelance.

bonjour

Non, être freelance n’est pas un long fleuve tranquille. C’est de longues heures de réflexion pour réussir à organiser son temps, comme un salarié au bureau. Être freelance, ce n’est pas être oisif en criant sur les réseaux sociaux qu’on passe sa vie à déj avec des potes à la capitale, à se dorer la pilule dans un parc, au soleil. Ce n’est pas non plus que du Branding autour de sa petite personne pour faire connaître sa petite entreprise. Le freelancing, ce sont aussi des journées bidons, qu’on regrette. Des journées à chercher du client, du boulot. Des journées à parfois se demander si c’était une si bonne idée que ça, s’il ne serait pas opportun d’arrêter pour revenir à quelque chose de plus secure. Le freelancing, c’est aussi des doutes, des moments de spleen, du vague à l’âme, même passager.

Être Freelance, ce n’est pas du rêve ni une liberté sans limite. Cela a justement aussi ses limites. C’est simplement une autre façon d’envisager le travail et sa vie pro, pour toute sa carrière ou pour quelques années.

Non, le Freelancing n’est pas fait pour tout le monde, ni adapté à tous les postes ou secteurs d’activité. Non le Freelancing n’est pas un travail. Il en est encore qui le croit.

seuil de tolérance

Bien sûr que si on sent venir une intense envie de se reconvertir, de changer de vie, qu’on est fait pour autre chose que pour le salariat et son poste actuel, qu’il est opportun d’envisager de devenir Freelance. Je suis aussi la première à dire qu’il faut savoir s’écouter pour ne pas finir par se morfondre dans un poste ou une entreprise dont on pense avoir fait le tour.

Mais il ne faut pas le faire sur un coup de tête ni le faire parce qu’on a lu plusieurs fois qu’être Freelance c’est trop top, que c’est le meilleur moyen de pouvoir aller boire des pintes avec les copines ou aller chercher ses enfants à l’école quand on veut et plus, comme on peut. Il ne faut pas opter pour le Freelancing juste pour la liberté de mouvement et d’organisation, car c’est se leurrer. Ces libertés d’agenda se payent autant que des journées de RTT sont payées par le salarié qui aura bossé 39h dans sa semaine au lieu de 35.

Un projet de boulot en Freelance doit être réfléchi. Il doit être envisagé comme lorsqu’on envisage un job en entreprise. Le boulot conviendra-t-il ? Au début ? Sur la durée ? La rémunération suffira-t-elle ? Saura-t-on bosser de chez soi ? Avec et/ou sans les enfants juste après l’école, pendant les vacances ? Les mercredis après-midi et le week-end ? Aura-t-on la discipline suffisante pour se tenir aux contraintes des délais exigés par les clients ? Aura-t-on le ton qu’il faut quand il faut, avec les clients ? Pour les attirer à nous ? Mais aussi pour les relancer ? Saura-t-on éduquer ses clients ? Les conseiller ? Saura-t-on vendre son boulot ? Ses compétences ? Toutes ces questions sont courantes et banales. Pourtant, elles font partie du jeu.

Être Freelance, ce n’est pas un rêve. C’est du boulot, c’est juste une autre façon de bosser. Qui ne réclame pas moins de boulot que la plupart des jobs de salariés. Être Freelance, c’est être son propre boss oui, mais c’est aussi devoir composer avec des putains de démarches administratives et relouteries de prises en charge souvent bof en termes d’assurances… Être Freelance, ce n’est pas forcément mieux que votre boulot en cdi, c’est juste différent.

Les Freelances qui se sentent bien dans leur job de Freelances, celles et ceux qui sont heureux dans leur boulot, sont des bosseurs qui ont ramé avant de pouvoir jouir de ces fameuses liberté du Freelance, qu’on nous vend trop à tour de bras.

Être Freelance, même en partie, cela ne n’improvise pas.


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Griselidis
Griselidis

Maman depuis septembre 2018, j'alimente cet humble blog avec des tranches de vie du quotidien depuis plus de 9 ans. En partageant sur les plantes de notre jungle intérieure ou encore sur notre vie de famille recomposée

2 commentaires

  1. Je pense que le statut de freelance fait rêver pour son indépendance. Il y a sans doute des personnes qui sont envieuses mais ne réalisent pas tout ce que cela implique (les mêmes qui ne se donnent jamais à fond et ne comprennent pas pourquoi ceux qui le font obtiennent plus qu’eux !). Je pense cependant que beaucoup de gens sont conscients du travail que ça demande et de l’aspect insécurité financière aussi.
    Mais sans doute, quand on est à son bureau avec des horaires fixes et un patron sur le dos, il est tentant de s’imaginer que la vie de freelance serait bien plus douce ;)

  2. Les gens pensent toujours que l’herbe est plus verte ailleurs, c’est exactement comme pour le boulot de prof, nounou, ou même maman au foyer… On est toujours en vacance, la vie est rose tout les jours… Dans l’administration, ils en fichent pas une, les secrétaire sont tellement occupées qu’elles sont obligé de refaire leurs ongles pour ne pas s’ennuyer… Que du ciché, mais les gens s’arrêtent à ça… Les gens ne voient toujours que le sommet de l’iceberg, car ils sont souvent incapable de se mettre à la place des autres… Bref, je pense que se sera toujours comme ça, il y a des métiers rêvés et fantasmé… Sauf qu’aujourd’hui, il est devenu facile d’être freelance, et ceux qui se sont vautrés, en général, n’en parle pas, car ils prennent ça comme un échec, et les échec, ça ne se partage pas… Bref, je suis maman au foyer, de trois enfants, blogueuse, et je vais surement me mettre à mon compte très prochainement, alors tu vois, ma vie va être une sinécure, c’est pour ça qu j’ai fais un burn-out, penses-tu…

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