Je crois que je l’aime moins

Je ne saurais pas dire exactement quand ni comment j’ai commencé à être moins attirée. Une érosion des sentiments lente s’est opérée, il y a des années déjà. Doucement mais sûrement. Des déménagements successifs n’ont rien amélioré. Loin de là, même si géographiquement j’étais toujours très proche et parfois même comme il y a cinq ans, au coeur même de l’action. Une chose est certaine. Même le break entamé en banlieue lointaine il y a trois ans en arrière, n’aura pas fait naître de nouveau souffle. Rien n’est plus pareil.

Quinze ans que cette histoire dure, de près ou de loin. Quinze ans que je compose avec cette vie, avec cet environnement, que je finis par aimer autant que que je déteste, certains jours, certains soirs. Pourtant, il y a encore exactement 15 ans, j’aurais tout donné pour vivre cette histoire, le plus vite possible, le plus fort possible. Entre les ambitions professionnelles, des envies de nouveautés et autres lubies d’étudiante. Je voulais y être, au plus près, au plus proche.

Mais il faut croire que tout a une durée, que tout n’a pas vocation à être gravé dans le marbre, que tout n’est pas fait pour être à vie.

paris-city

J’ai vécu dans 6 communes différentes en île de France ces quinze dernières années, dont deux fois à Paris même. Durant toutes ces différentes phases et vies successives, j’ai eu le temps de pouvoir découvrir beaucoup de ses recoins, plus ou moins festifs, plus ou moins calmes, plus ou moins culturels ou gastronomiques… J’ai eu mes petits coins favoris, comme le quartier de la Buttes aux Cailles, quelques cafés, quelques restaurants, des traiteurs aussi, toujours de cuisine asiatique. Une cuisine que j’adore. J’avais des petits parcs municipaux dans lesquels j’aimais m’arrêter fumer quand je rentrais du travail, il y a 12 ans, à Montrouge. J’avais ces petites boutiques de Fringues géniales et pas chères à République aussi, quand j’y vivais. Tant de coins et de recoins que j’aime encore très fort, que je connais par coeur, que j’ai arpenté plus de fois que je n’ai arpenté les couloirs de mon nouveau lieu de travail.

Mais rien n’est plus pareil, rien n’est plus pareil depuis que j’ai l’impression de subir en partie cette ville, cette région. Rien n’est plus pareil depuis que la région parisienne est devenue dans ma tête, synonyme de longues heures perdues à galérer dans les bus, métros, tous plus bondés les uns que les autres, avec à chaque saison son lot de mauvaises odeurs et mauvais côtés. Rien n’est plus pareil depuis que je vis finalement, ce rythme complètement abrutissant du métro boulot dodo, quand bien même il n’est plus aussi long et fréquent qu’avant. Rien n’est plus comme avant ou comme au début.

L’histoire est devenue une routine, les sentiments se sont atténués, amoindris.

Elle n’en est pas moins belle, ni moins magique. Mais j’ai appris à en voir les défauts, ces défauts qui ne choquent pas vraiment ou si peu les touristes, comme les visages gris et tristes de tellement de ses habitants, comme les embouteillages, la pollution, les incivilités en chaîne, la pauvreté ambiante, l’empressement incessant, les nuisances sonores. Je ne l’aime plus comme avant. Bêtement et simplement.

Je lui préfère de loin la banlieue, même proche, et j’ambitionne à terme de m’éloigner encore un peu, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Avec un coin de vert. Pas juste un balcon, mais un vrai coin de vert, quelques mètres de vert. Un coin de calme, où je lirai, en repensant avec nostalgie à ces soirées entre amis, à ces balades en solo dans des rues inconnues quand j’aimais me perdre dans cette ville qu’est Paris, où on ne se perd jamais vraiment.

Peut-être aussi l’ai-je moins aimé quand mes ami(e)s en sont partis, successivement, faire leur propre vie en banlieue ou dans le sud.

Le fait est là, le divorce est entamé, depuis longtemps. Et j’ai pas envie de faire d’efforts pour renouer. Je n’ai plus envie d’être proche d’elle. Je préfère la voir de loin et me souvenir, avec le sourire :)

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Griselidis
Griselidis

Maman depuis septembre 2018, j'alimente cet humble blog avec des tranches de vie du quotidien depuis plus de 9 ans. En partageant sur les plantes de notre jungle intérieure ou encore sur notre vie de famille recomposée

12 commentaires

  1. Ba alors ma Brenda ?!! Comme je te comprends !!! Quand j’y retourne pour voir amies & copinautes, je la redécouvre avec plaisir mais soulagement aussi quand je la quitte pour revenir dans ma douce banlieue arborée !!! Paris est belle, comme une maitresse femme magnifique la nuit et hideuse au matin comme une hydre difforme, avec sa nuée de grimaces et de pas rapides qui bousculent sans un égard…

    • Lol tu m’as fait éclaté de rire avec ton : bah alors ma Brenda ?!!. Ouai ce soir j’avais envie de partager mon désamour ce Paris :) Mais chat’ va hein :D Idem quand il s’agit d’y aller pour une soirée ou de bons entre amis. C’est chouette comme cadre, ponctuel ^^ d’ailleurs à très vite, dans ce cadre ou un autre. J’avoue que ta jolie banlieue arborée me fait de l’oeil. J’épluche ces derniers jours les annonces pour y prendre un truc sur le long terme ^^ qui sait, on se croisera peut-être un jour dans un parc !

  2. Comme dans toute histoire d’amour, la distance est parfois nécessaire. Puis après, qui sait, peut-être que « l’être cher », celui qu’on croyait oublié, refait surface et nous habite à nouveau. En ce qui me concerne, être à 12000km de Paris me permet de l’aimer encore plus qu’avant. C’est une grande joie de la retrouver 1 à 2 fois par an.

    • Je confirme qu’il est agréable de la retrouver après une longue absence. Il faut savoir faire des breaks, assez longs pour qu’il soient efficaces. Tu es donc expatriée ?

  3. C’est un très bel article !! Si tu veux prendre l’air, une journée, tu peux prendre un train et venir à Lille ;)
    1h de trajet mais total dépaysement
    Des bisous !

    • Je note pour l’invitation, je ne connais de Lille que ses deux gares entre lesquelles j’ai couru certaines fois pour ne pas rater des correspondances ^^ Bisous miss, j’ai hâte de découvrir tes futures publis !

  4. y’a des fois je me dis ça doit être fun d’y vivre, mais dès que j’y mets les pieds pour un week end je me dis que non en fait, je ne tiendrai pas le coup…. un week end mais pas plus!
    bisous

  5. Quitte là! Cela fait un an que j’ai quitté Paris alors que je l’adorais. Aujourd’hui, cela me fait tant de bien d’être ailleurs…

    • J’aimerai la quitter mais pour le moment des personnes et du boulot m’y retiennent, encore pour quelques temps. Je n’exclus en revanche pas de m’en éloigner encore, avec plus de vert autour :) rien que ça ça ferait un bien fou je pense. Es-tu loin désormais ?

    • Merci madame pour ce petit mot ! Je m’en échappe logiquement le week-end prochain pour quelques jours, pour une escapade amoureuse justement ^^ !

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