Freelance Salarié(e), Le Vague à l’âme cyclique

La vie de salariée procure un sentiment de sécurité indéniable, notamment dans le cadre d’un cdi. La presque assurance de la sécurité de l’emploi qui permet de se projeter, la sensation d’être à l’abri via le salaire qui tombe tous les mois, les congés payés qui permettent de souffler… Tout ça, c’est loin d’être négligeable. Et si beaucoup de salarié(e)s Freelances se cramponnent à leur job en cdi, c’est souvent pour certaines de ces raisons ou pour toutes en même temps. Des bonnes raisons, des raisons valables. Des raisons plus que justifiées, quand on connaît la conjoncture économique actuelle.

Pourtant, il est des moments où la freelance salariée que je suis, a envie de ne plus faire en fonction de tous ces avantages sociaux, de toute cette sécurité. Parfois, la freelance salariée que je suis, a envie d’aller voir uniquement du côté du freelancing, à temps complet.

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La salariat est un cadre pro avantageux. C’est indéniable. Et pour avoir toujours toujours travaillé en entreprise, depuis la sortie de la fac, sans une seule semaine de chômage, je sais combien un job fixe, combien le salaire qui tombe, combien les congés payés, sont des putains de belles soupapes, au quotidien.

Mais, pour avoir justement plus de quinze années de vie en entreprise dans les pattes, pour commencer à avoir un peu de bouteille et d’expérience de la vie pro, je sais aussi que même quand on est loin d’avoir envie de cracher dans la soupe, il arrive aussi, de vouloir un break. De vouloir souffler, plus que pendant quelques jours de RTT. De vouloir prendre un recul supplémentaire à celui qui est contractuellement proposé dans le cadre des congés payés annuels. Il est des moments, par périodes, selon le poste et selon l’environnement de travail, où le break devient presque nécessaire. Le cas échéant, c’est le moral qui file avec la motivation. Le cas échéant, c’est le bien être et la santé qui risquent de trinquer.

Dans ces moments de grosse fatigue, l’envie de glisser vers un freelancing only, c’est une idée douce amère. Une idée qui permet de ne pas laisser la tête s’enfoncer entièrement sous l’eau. L’idée qui permet de rester à peu près le nez au dessus de l’eau, avant l’apnée. Ces moments où le job devient lourd à porter, pour des raisons diverses et variées, mais toutes valables, sont difficiles à vivre.

Ils sont difficiles quand ils durent, et que même après des semaines et des mois à faire le dos rond, à se dire, ça va aller, à relativiser, ils persistent dans le temps. Ces moments sont difficiles à vivre car ils sont culpabilisants. Se plaindre ou presque se plaindre alors qu’on a un job et de surcroît un job en cdi ? Le peut-on vraiment ?

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Je vois beaucoup de personnes autour de moi, s’user à la tâche. Dans des environnements pro qui ne conviennent plus. Je vois des managements qui réagissent pas, peu ou trop tard. Je vois des personnes entamer leur santé pour des jobs qui pourraient être aménagés autrement. Mais parce que la rigueur est une politique assumée, alors rien ne change et tout reste figé, au détriment du bien être et pire encore, de la santé du salarié. Je vois tout ça, je le vis, par période aussi. Et je suis partagée, entre cette envie de râler à propos de tout cela et de relativiser, parce que la bienséance voudrait qu’on ne se plaigne pas, quand on a le bol d’avoir du taf.

Et parfois, pour des raisons qui aussi donc aussi bonnes que moins bonnes, j’ai comme des envies de fuite vers le freelancing. Une fuite qui serait salvatrice, à court terme. Une fuite justifiée, à mes yeux.

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Griselidis
Griselidis

Maman depuis septembre 2018, j'alimente cet humble blog avec des tranches de vie du quotidien depuis plus de 9 ans. En partageant sur les plantes de notre jungle intérieure ou encore sur notre vie de famille recomposée

6 commentaires

  1. Je partage les mêmes sentiments. De la vie salariée, j’aime cette possibilité de faire des projets et d’avoir le sentiment rassurant de pouvoir payer l’essentiel (loyer, nourriture, chauffage, impôts, etc). Et c’est une sécurité tellement importante ! Et en même temps, je suis trop souvent frustrée par ce que je vois autour de moi dans le monde professionnel. Les gens qui manquent de rigueur, d’éthique, etc… et qui se font quand même une « place en or ». Je me dis que si j’étais à mon compte, je pourrais travailler en accord avec mes valeurs sans être tributaire de certaines personnes qui vendent mes prestations comme on vend des tapis. Hum.

    • Je suis rassurée de voir que ces sentiments sont partagés. Je culpabilise souvent avant même de me plaindre ou de déplorer pour des proches ou moi, ces dérives en entreprise. Dérives bien plus souvent humaines qu’autre chose. Mais dérives qui durent et sont de notoriété publique, ce qui signifie pour moi qu’elles sont cautionnées par le management et l’entreprise, de façon tacite.
      Il y a sûrement des phases où l’on est + ou – disposé(e) à tolérer/supporter tout ça. Je dois avoir atteint un stade où non seulement je remarque tout ça, mais j’ai de plus en plus de mal à le vivre sans être atteinte, et de plus en plus de mal de voir d’autres vivrent ça, sans que personne ne réagisse. Vaste sujet !

    • Oui, le derrière entre deux chaises. Mais quand même, perso, plus le temps passe et plus mon coeur balance. Je sais que ce n’est qu’une histoire avant le pivot de l’un vers l’autre. Mais le temps me paraît très long, en attendant. Très très long.

  2. Hello Miss!
    Tu ne pourrais pas prendre un congé création d’entreprise qui te garde ta place au chaud au cas où ça ne marchait pas comme tu le souhaites?
    Bises

  3. Hey !

    Pas de culpabilité ! De quoi d’ailleurs ? D’avoir un moment de doute, de ne plus être à l’aise dans un mode de fonctionnement sous prétexte qu’il y a des millions de chômeurs ? Ou j’sais pas, des Freelances pas heureux, etc ?
    Ok, des gens souffrent et te diraient que tu as de la chance, bla bla bla. Arrêtons les conneries deux minutes, parce que si l’on va par là, nous Européens, nous ne pouvons nous plaindre de rien (et je pèse mes mots sur le « rien »).

    Bon, en revanche, ta culpabilité montre ton réalisme et ta connaissance de l’Autre. J’te connais pas, mais ça me fait dire que t’es pas une connasse, là, spontanément. Et si maintenant qu’on a écarté le fait que c’est pas bien de se plaindre quand on a un boulot (sale nanti va !), on en revenait à un truc que tu ne peux contrôler, qui te mine semble-t-il, et qui, de toute façon, finira par t’exploser à la gueule ?

    Parce qu’il s’agit de ça finalement : du temps qu’il te reste avant d’en avoir plein le cul…

    Plein le cul de ne pas savoir ce qu’est l’aventure en mode « nightmare » (comprendre en full indépendante).
    Plein le cul d’une curiosité qui ne s’arrêtera jamais et qui donnera naissance à des « Et si ? »
    Plein le cul de culpabiliser sur des couches de culpabilités et de doutes qui te feront oublier ta première question.

    Et j’peux continuer, parce que ce genre de sentiments est exponentiel. Alors, maintenant pose-toi la question autrement. Pose-toi la question de « pourquoi ? ». Qu’est-ce qui te rend curieuse ? Qu’est-ce que tu voudrais expérimenter ? Qu’est-ce que tu veux découvrir, etc.

    Rien n’est définitif dans la vie. Tu peux te prendre du temps (un ans, deux ans, deux mois, comme tu peux) pour voir justement. Souffler, découvrir, etc. Oui, tu vas y perdre dans l’immédiat en confort. Admettons. Mais après ? Fanny te le dit très bien en plus : tu peux tenter le congé création d’entreprise ?

    Est-ce qu’aujourd’hui cela t’est matériellement, et financièrement impossible de sauter le pas ? Oui, non. Basta.

    T’as envie, donc, la question ne se pose plus de ce côté. Ce qu’il te faut savoir, c’est si tu (vous) peux (pouvez) survivre dans ce choix. Après, le reste, c’est comme de tout, tu vois… Si j’abandonnais mon statut, pour redevenir salariée, je sais que j’y gagnerai financièrement (puisqu’à l’heure actuelle, voilà…), mais que jamais plus je ne pourrais exercer ma profession. Et si par miracle je me faisais embaucher pour ça, je perdrai toutes les choses qui me font kiffer justement dedans.

    Je sais qu’aujourd’hui, ce choix me ferait profondément souffrir. Dois-je culpabiliser de me plaindre et d’angoisser à l’idée d’avoir un travail de salariée ? Heu… On peut arrêter de dire des conneries, un peu ?

    C’est ta vie, celle de personne d’autre. Si aujourd’hui, tu sens que cela pourrait être une expérience à vivre, mets de côté ces considérations à deux ronds, et regarde déjà ce qu’il t’est possible de faire.

    Crois-moi, t’auras tout le temps d’angoisser une fois à ton compte :p

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