La Chasse au Toit : Louer un Appart à Paris

Chercher un logement en région parisienne, c’est un peu comme s’apprêter à affronter la foule à la gare Saint Lazare aux heures de pointe. Autant dire qu’il vaut mieux avoir la pêche, un minimum de tolérance et de la patience, beaucoup de patience. Sinon, l’envie d’envoyer balader le premier quidam qui vous aura bousculé la fois de trop, elle va se faire sentir à coup sûr. La personne subira alors vos foudres autant que le gardien qui vous garantit au téléphone que vous serez bien The Prem’s à visiter le fameux petit deux pièces repéré la veille, alors que le rejoignant au pied de l’immeuble, vous voyez le « vrai » Premier visiteur partir le sourire aux lèvres.

Chercher un logement en Île de France, c’est entrer dans les méandres des démarches administratives, et de la difficile loi du marché immobilier.

Petite excitation lorsqu’on commence à réunir les documents dont on sait qu’ils nous seront demandés par tout gentil proprio qui nous louera le joli appart’ dont on a adoré les clichés. On se prend à s’imaginer en train d’agencer la chambre. Puis en attendant de retrouver les dernières quittances de loyer qu’on devra rapidement photocopier en X exemplaires, on commence les premières recherches sur le web. Là on découvre ou redécouvre combien c’est compliqué. Et les sempiternelles questions qu’on se pose dans ces moments là reviennent :

« Agences ou particuliers ? »

« Quand est il mieux de poser le préavis de départ, quand un logement sera trouvé ou dès maintenant ? et au fait, c’est quoi le délai légal d’un préavis? »… 

Les agences ? En général on y pense tous au moins un peu, même rapidement. On se dit que ce sont des pros, qu’ils sont au courant de nombreuses offres en temps réel, que ce sera un dossier traité carré, et surtout, surtout, il y a tellement de détails sur certains sites webs d’agences Immo… Année de construction, taille du box pour la voiture, les toilettes sont un sanibroyeur ou les toilettes classiques qu’on a tous tendance à préférer ?… Mais vite, très vite on se voit obligé d’écarter cette solution. Ce sont des pros oui pour la plupart, mais les fameux frais d’agences eux, on ne peut hélas pas les honorer car le budget, il n’est juste pas prêt pour. Sans oublier que, qui dit honoraires, dit aussi caution à avancer, ainsi que mois de loyer d’avance. Et sincèrement, combien d’entre nous ont déjà ces sommes là sous la main ?

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La solution de l’agence Immo écartée, on se porte très vite vers les offres des particuliers. Et là, celui vers lequel on se tourne quasi tous, c’est le célèbre « P à P ». On se dit que là, on évitera des frais qu’on aurait eu avec les agences Immo, comme les fameux honoraires. Pourtant, on se rend rapidement compte en parcourant les annonces de location que, les particuliers ne sont pas tellement différents, eux aussi demandent des garants, eux aussi demandent une somme souvent équivalente à un mois de loyer pour caution, et oui, la plupart d’entre eux demandent aussi 1 ou 2 loyers d’avances.

Ainsi, on déchante encore. Les montants des loyers sont en partie un peu moins élevés que les offres des agences, mais pas tellement. Les montant sont souvent moins clairs au premier coup d’oeil. On voit plusieurs annonces intéressantes, « tiens, un F2 à 830 euros par mois pour 39m² », on clique; et là on voit le :  » +130 euros de charges ». Dommage dommage, en effet le loyer qu’on voyait en gros à coté du nom de la ville ne contenait pas le C.C. Le fameux Charges Comprises. Déception amère quand on a cru un instant tomber sur la perle. A vrai dire, le « P à P » n’est plus ce qu’il a pu être. Les particuliers « propriétaires » s’alignent de + en + sur offres & prix des agences Immo, et surtout se couvrent en terme d’assurances d’impayés et préparent les devants en cas de locataires indélicats et soudainement insolvables, les poussant peu ou prou à tirer vers le haut les prix au mois.

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Enfin, pour les personnes salariées, il y a le fameux 1% patronal. Aujourd’hui appelé le ACTION LOGEMENT. Solution qui est réellement à envisager et dont personnellement je ne passerai plus tant que je serai locataire et pas propriétaire. D’ailleurs cette solution est depuis quelques années, ouverte aussi aux actifs qui travaillent en intérim. Donc cette façon d’obtenir un logement en location s’ouvre de plus en plus et tant mieux.

Via l’employeur, des collecteurs comme Astria ou Solendi proposent aux salariés et actifs des logements, de différents bailleurs privés, avec différents parcs : social, intermédiaire… Les prix sont moins élevés que les locations proposées dans le privé. On peut voir des studios dans la proche périphérie parisienne à moins de 500 euros pour 30m² tandis que dans le privé, on atteindrait aisément les 700 euros et + pour la même prestation. La place de parking en moins. La baignoire en moins. Les WC séparés en moins…

Le 1% Patronal, c’est moins cher, et ce sont assez souvent des logements plutôt pas mal foutus : le mètre carré est un vrai mètre carré. Les cuisines ne sont pas juste un lavabo dans une pièce dans laquelle on aurait plutôt imaginer des toilettes. Le fait est que même si tout n’est pas parfait avec ces bailleurs privés qu’on retrouve via les offres « 1% », la réglementation se durcit et s’applique, pas toujours mais, de + en +. Ainsi, les logements proposés répondent en grande partie à des normes qu’on retrouve trop peu ailleurs via agences ou particuliers (sécurité Incendie, plafonnement d’augmentation du loyer…).

Cependant, là encore, il y a un revers de médaille. Et pour avoir la chance de jouir d’un des logement  des parcs proposés via le 1%, il faut s’accrocher. Le système étant à la fois réglo et arbitraire sous certains aspects. Comme pour le reste du marché, beaucoup trop de demandes pour trop peu d’offres. Beaucoup de logements dans de sacrées barres d’immeubles et dans des quartiers pas tops, que ce soit en terme de sécurité globale et de salubrité ambiante. Il faut là encore, s’être bâti un dossier qu’on espérera sans trou dans la raquette ou sans « casseroles ». Et le pire, c’est sans doute le fait d’avoir franchi les différentes étapes jusqu’à la visite de l’appart pour lequel vous pensiez avoir une chance :

Vous vous êtes inscrits, avez envoyé la liasse énorme de papiers demandés. Faut dire, l’organisme 1% désormais, il vous connaîtra mieux que votre employeur ou votre mère. Il saura tout de vous : combien vous gagnez, tout votre état civil. Vos coordonnées bancaires. La taille de votre appart actuel, bref, tout, sauf votre rhésus sanguin (jusqu’à quand ?). Ce qu’il se fichera de savoir, c’est si vous aurez fait ce qu’il faut pour être le premier à visiter un des apparts qu’il vous aura autorisé à visiter. Parce que si vous n’êtes pas le premier arrivé, il vous sera alors difficile d’être le premier à appeler pour réserver le logement si toutefois il vous a plu.

Oui, hélas, avec le 1%, il faut courir vite, appeler vite. Et oui on pense à soudoyer des gardiens même si on ne le fait pas. Et oui on pense à appeler pour réserver sans même avoir visité, au risque de se retrouver avec un appart qu’on aurait jamais imaginé louer.

En plus de quinze ans de vie en région parisienne, je me suis vue au moins 6 ou 7 fois obligée de rechercher un logement en location. Pour moi seule ou non. Aujourd’hui et depuis quelques années, je bénis le fait d’avoir un logement et aucune raison de vouloir en changer. Parce que je sais, je sais trop trop bien combien c’est la croix et la bannière pour pouvoir se loger bien et pour un prix/loyer qui ne sera pas comme un corde qui étrangle le budget tous les mois.

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Griselidis
Griselidis

Maman depuis septembre 2018, j'alimente cet humble blog avec des tranches de vie du quotidien depuis plus de 9 ans. En partageant sur les plantes de notre jungle intérieure ou encore sur notre vie de famille recomposée

13 commentaires

  1. Ahhh les galères de recherche d’appart à Paris! J’ai donné deux fois! La première fois pour un studio d’étudiante… Tu sais que tu es encore naïve, que tu ne connais pas la réalité du marché… Et là tu découvres les prix… Et puis la deuxième fois c’était pour une colocation avec ma sœur, la galère des garants, des dossiers de trois tonnes à fournir… J’ai aussi eu deux années de répit en sous louant des apparts à des amies, mais honnêtement ça m’a un peu traumatisée, à tel point que quand nous cherchions un appart à Dijon, j’étais sûre que nos dossiers ne seraient jamais assez bons, qu’on aurait trop de mal… Et en fait pas du tout :D enfin quoi que, les propriétaires sont de plus en plus méfiants et exigeants, surtout si on a pas de CDI, mais c’est moins la galère qu’à Paris quand même!

    • Oh je vois que tu connais donc bien la question épineuse. Perso j’aimerai n’avoir jamais à refaire que ce soit pour un appart en solo ou avec l’homme et le pioupiou. C’est vraiment beaucoup de sport : réunir les documents, mettre à jour le dossier tous les mois quand on ne trouve pas rapidement, devoir tjs justifier de tel ou tel détail sur une fiche de paye, de tels revenus qu’on a ou pas… Sachant que si toutefois les organismes du type action logement ne demandent que des documents tout à fait classiques, les proprios privés et agences eux, ne se privent pas de demander bien +, tout en étant hors la loi. Et dire non à ces personnes, c’est comme se tirer une balle dans le pied car si pour eux pas le document attendu, dossier incomplet donc pas de visite et pas de loc…. Mon dieu. Une horreur !

    • comme je comprends. mais garde la foi ! on finit par y arriver la plupart du temps, même si en effet, c’est toujours bien trop long !!

  2. Et bien je suis bien contente de ne pas habiter la région parisienne haha :D
    Enfin bon dans tous les cas je pense que la recherche d’appart c’est un véritable casse tête… Surtout quand tu tombes sur des proprios pas cool…

    Bisous !

    • ce n’est pas tjs la croix et la bannière. Avec un bon dossier, cela passe la plupart du temps. il faut surtout être en mesure de justifier de garanties (revenus de tout type…) et de garants, souvent. Après, les particuliers sont aussi bcp dans la negociation que les agences, donc quand le courant passe, il y a possibilité de faire passer des dossiers qui ne passeraient pas ailleurs. il faut discuter, passer des coups de fils :) bref, faut être motivée ! l’appart dans lequel je suis actuellement nous avait été refusé car nous n’étions pas les premiers à visiter et à mettre une option dessus. l’autre le premier a laissé tombé donc on a sauté dessus. comme quoi, il y a aussi de jolies surprises =)

  3. Ahah, la dernière fois que j’ai dû fournir des dossiers pour une location, j’ai eu l’impression d’être un chien de race à qui on demandait son pedigree pour avoir le droit de passer le concours du locataire le plus exemplaire.
    Ouais ben fuck, quoi :D

  4. Merci pour cet article ! Je déménage à Paris en septembre et je commence déjà à chercher un appart étudiant j’ai tellement peur de pas en trouver ou que mon dossier soit refusé :o

  5. Je suis aussi étudiante et je cherche un appart à Paris pour l’année prochaine mais du coup ton article me fait super déprimer! J’ai peur de ne jamais trouver d’appart potable !

  6. C’est tellement bien résumé! Le marché de l’immobilier à Paris est vraiment devenu n’importe quoi. Ca devient mission impossible de trouver un appartement sans avoir un « plan » ou des contacts.

  7. Louer c’est tellement la galère que j’ai préféré acheter. A 300 m à vol d’oiseau de Paris sur Clichy. Je savais combien je pouvais emprunter et à la première occase j’ai acheté. moralité 45 m² avec une terrasse pour 1000 euros par mois avec les charges de copro. Difficile certes quand on est étudiant mais dès que l’on est salarié c’est à réfléchir quite à s’éloigner un peu du centre de Paris mais au moins tu rembourses pour toi et ça te fait un joli apport pour un appart N°2 ou N°3 dans Paris ou ailleurs.

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